En dépit de la récente accusation d'agression sexuelle, Roman Polanski a présenté son nouveau film mardi soir. Accompagné de ses acteurs, le cinéaste a pris part à l'avant-première de J'accuse organisée au cinéma UGC Normandie à Paris, le 12 novembre 2019. Non loin de là, dans le 5e arrondissement, des manifestants ont fait annuler la projection du film dans un autre cinéma.
Accompagné de son acteur principal Jean Dujardin, qui avait de son côté annulé son interview sur France 2 dimanche soir, mais aussi de Vincent Perez, Luca Barbareschi, Grégory Gadebois, du compositeur Alexandre Desplat ou encore de son épouse, Emmanuelle Seigner, Roman Polanski est monté sur scène pour présenter son film sur l'affaire Dreyfus. Dans le public, de nombreuses personnalités étaient également présentes : Fanny Ardant, Pierre Richard, Anne Sinclair, Calogero, Dani, Michaël Youn et Nathalie Péchalat, venue soutenir son mari Jean Dujardin. Tous ont ainsi été les témoins de la longue standing ovation de sept minutes qui a suivi la projection du film.
C'est sous bonne garde que le réalisateur de 86 ans a ensuite discrètement quitté les lieux... Une apparition qui survient quatre jours après la publication du témoignage de Valentine Monnier, une photographe et ex-mannequin français de 62 ans, qui affirme avoir été agressée sexuellement par Roman Polanski lors d'un voyage au ski en Suisse, en 1975. Une accusation fermement démentie par le cinéaste, déjà condamné en 1977 pour relations sexuelles illégales avec une mineure de 13 ans.
Si la principale avant-première de J'accuse a pu être maintenue malgré cette affaire, celle prévue au cinéma Champo a quant à elle été annulée. Comme l'a précisé Le Parisien, une trentaine de manifestants étaient mobilisés contre la projection du long métrage mardi soir et ont empêché cette autre avant-première : "On veut dire aux spectateurs qu'en allant voir un film de Polanski, ils se rendent complices d'une justice patriarcale."
Sorti le 13 novembre au cinéma, le film J'accuse raconte l'affaire du point de vue du colonel Picquart qui, une fois nommé en 1895 à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. À partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n'aura de cesse d'identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus. Pendant les douze années qu'elle dura (1894-1906), l'affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXe siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme.